La langue arabe, chez les prédécesseurs (les anciens) et son impact sur l'apprentissage des sciences religieuses.
"La langue d'un peuple ne décline que si son prestige diminue, et elle ne s'affaiblit que lorsque son avenir est en péril." - Mustafa Sadiq El-Rafii.
Louange à Allah, le Seigneur de l'univers, qui a fait descendre le Livre dans une langue arabe claire. Je prie et salue le meilleur de Ses créatures, le professeur de l'humanité, Celui qui a guidé les gens des ténèbres vers la lumière par la permission de leur Seigneur, sur le chemin d'Allah, le Puissant, le Digne de louange.
De plus, la langue est le témoin de la victoire, c'est l'identité de ses enfants, car elle est le réceptacle de la culture et la mesure de la force ou de la faiblesse de toute société. Si la société est forte, sa langue est forte, et si elle est faible, sa langue est faible. Il existe de nombreuses preuves de cela.
En tant que musulmans, il est impératif que nous regardions en arrière pour comprendre l'engagement des pieux prédécesseurs envers la langue arabe, leur préoccupation pour elle. Ceci afin de refléter notre réalité actuelle et de partir sur des bases solides pour corriger la trajectoire de cette langue.
Le souci des pieux prédécesseurs pour la langue arabe pure et élégante :
La langue arabe est l'un des piliers de la communauté islamique, qu'on ne peut pas abandonner. En fait, il est du devoir du musulman de l'apprendre, car elle est l'outil de la religion. On ne peut véritablement comprendre cette religion que par le biais de cette langue. Conformément à la règle juridique, "Ce qui est nécessaire pour accomplir un devoir devient lui-même un devoir", comprendre la religion ne peut se faire qu'à travers la langue arabe. Par conséquent, l'apprendre est une obligation.
Omar ibn al-Khattab, qu’Allah soit satisfait de lui, ordonnait à ses compagnons d'apprendre l'arabe, tout comme il leur ordonnait d'apprendre les obligations religieuses. Il disait : "Apprenez l'arabe, car c'est une partie de votre religion. Apprenez les obligations religieuses, car elles font également partie de votre religion." Il plaçait donc l'apprentissage de l'arabe avant celui des obligations religieuses en raison de l'importance de la compréhension de la religion et de la jurisprudence que l'arabe apporte.
Il est également rapporté qu'il passa devant un groupe de personnes qui s’exerçaient au tir à l’arc, n’atteignant pas leurs cible, alors il les blâma, un d’entre eux se justifia en disant : "Ô Commandeur des croyants, nous sommes des personnes instruites ! "( en faisant une erreur grammatical) , il leur a répondu : "Votre erreur de grammaire est plus difficile pour moi à entendre que de voir vos mauvais tirs!"
C'est également rapporté qu'un homme du nom d'Husayn ibn Abi El-Hur, ou selon une autre narration Abu Musa al-Ash'ari, envoya une lettre à Omar ibn El-Khattab, qu’Allah soit satisfait de lui. Dans cette lettre, il fit une erreur grammatical. En réponse, Omar lui écrivit : "Fais battre le scribe qui a fait cette erreur" et ordonna son renvoi. Cela démontre l'importance qu'Omar attachait à la précision dans la langue arabe, même dans la correspondance officielle.
Le comportement d'Al-Hasan ibn Abi El-Hasan, un des disciples des compagnons du Prophète Muhammad, est également éloquent en ce qui concerne la préservation de la pureté de la langue arabe. Chaque fois qu'il faisait une erreur de prononciation ou de langage, il disait : "Je demande pardon à Allah." Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il faisait cela, il a répondu : "Celui qui commet des erreurs dans la langue arabe a menti aux Arabes. Et celui qui ment a commis un péché. Allah, le Puissant et Miséricordieux, dit : Et quiconque fait un mal ou se fait du tort à lui-même, puis implore le pardon d'Allah, trouvera Allah Grand Pardonneur, Miséricordieux. (Coran, sourate Anssa, 4:110).
L'histoire du grand savant Al-Farrah illustre encore davantage l'importance de la langue arabe dans la culture et l'éducation. Il était enclin à donner la priorité à la grammaire (le savoir de la langue) sur la jurisprudence. On raconte qu'il a visité Muhammad ibn El-Hasan et qu'ils ont discuté de la jurisprudence (fiqh) et de la grammaire (nahw). Al-Farra a préféré la grammaire à la jurisprudence, tandis que Muhammad ibn El-Hasan a préféré la jurisprudence à la grammaire.
En conséquence, El-Farra a commencé à soutenir la validité de sa position en disant : "Un homme qui étudie profondément la langue arabe, et qui veut apprendre autre chose, le trouvera facile." Cela souligne l'idée que la maîtrise de la langue arabe facilite l'apprentissage d'autres domaines de la connaissance.
Cette anecdote illustre l'intérêt et la compétence du grand savant al-Farra dans le domaine de la grammaire arabe. Lorsque Muhammad ibn al-Hasan a essayé de le mettre à l'épreuve en lui posant une question juridique, al-Farra lui rétorqua : "donne avec la bénédiction d’Allah" .
Muhammad ibn El-Hasan lui a demandé ce qu'il pensait d'un homme qui avait involontairement fait des erreurs lors de sa prière, se prosterne en fin de prière pour accomplir les deux prosternations de distraction et commit aussi une erreur à ce moment-là . Al-Farra a répondu en expliquant que, selon les règles grammaticales arabes, le terme "tasghir" (le fait de réduire ou de diminuer) n'a pas de forme diminutive en arabe. Il a également souligné que les deux prosternations de distraction complétaient la prière, et il n'y avait donc pas de "complémentarité a ce qui est complet ". Par conséquent, il a conclu qu'il n'y avait rien à reprocher à cet homme.
Muhammad ibn El-Hasan, impressionné par la réponse d'al-Farrah, a fait un commentaire élogieux sur l'intelligence de ce savant en disant : "Je ne pensais pas qu'un être humain puisse mettre au monde un homme comme toi."
Les paroles de l'Imam al-Shafi'i soulignent l'importance de la langue arabe dans la préservation de la tradition islamique et la lutte contre les innovations religieuses (bid'ah). Il a répondu à une question sur la prolifération des innovations religieuses à son époque en disant : "C'est à cause de l'éloignement des gens de la langue arabe."
Ibn Taymiyyah - Rahimaho Allah - , le célèbre érudit islamique, a lui aussi souligné l'importance cruciale de l'apprentissage de la langue arabe. Il a déclaré que : "la connaissance de la langue arabe est un devoir religieux, une partie intégrante de la religion, ainsi que la compréhension du Coran et de la Sunna . Cette compréhension ne peut être atteinte qu'à travers la maîtrise de la langue arabe, car ce qui est nécessaire pour accomplir un devoir devient lui-même un devoir". (Iqtida Al-sirat Elmoustaqim 1 : 424) Ainsi, il a conclu que l'apprentissage de la langue arabe était un devoir religieux en raison de son rôle central dans la compréhension de la religion islamique.
Quant à l’imam ibn Hazm, a déclaré qu'il était impératif pour quiconque cherchait à étudier la jurisprudence d'apprendre la grammaire et la langue. Il dit : " il est impératif pour quiconque cherche à étudier la jurisprudence d'apprendre la grammaire et la langue car sans elles sa compréhension serait insuffisante et ne lui permet pas de donner des avis juridiques dans les affaires religieuses d'Allah.
Il est important de méditer sur la situation des gens à l’époque des prédécesseurs et celle de notre époque , les paroles d'Abd al-Malik ibn Marwan reflètent la préoccupation face à la prolifération d’erreurs de langue arabe. On lui dit : " t’as chevelure est devenue toute blanche ! Ô prince des croyant ", il répondit : "C’est à cause de l'abondance des erreurs de langue dans les prêches ".(Ala’qd Elfarid : Tome 2)
Ibn el’ala a dit : " la science de la langue arabe est la religion" ces paroles vint à l’oreille d’Abdullah ibn al-Mubarak qui répondit : "il dit vrai ; j’ai certes vu les chrétiens adorés le messie du a une interprétation erronée , Allah dit dans l’évangile : " je t’es certes crée de marie et tu es mon messager" , ils ont pensés qu’il était mentionnées dans cette citation, qu’Allah avait dit " je t’es certes enfanté et tu es mon enfant . (MadjmA' Eloudaba 1 : 10)
Cette méprise a conduit à une mauvaise interprétation de la religion, ce qui montre l'importance de bien comprendre la langue dans laquelle les textes religieux sont écrits pour éviter les malentendus et les erreurs d'interprétation.
Nous ne sommes en aucun cas (en tant qu’héritiers de l’islam) à l’abri de quelconques erreurs, c’est pour cela qu’Allah lui-même s’est tenu garant de préserver sa religion ainsi que son livre le Coran. Il a mit à notre disposition des savants - qui par sa grâce - ont écrit des ouvrages prodigieux afin de préserver sa religion.
Il a été rapporter qu’un bédouin est entendu la récitation d’un individu lisant le chapitre (le repentir verset 3 : Chapitre 9) il récita et commit une erreur grammatical, le bédouin comprenant parfaitement la langue arabe, a alors compris qu’Allah se désavoue des associateurs ainsi que de son messager, alors qu’il est bien mentionné qu’Allah et son messager se désavoue des associateurs.
Omar ibn al-Khattab, Qu’Allah soit satisfait de lui, a réagi en ordonnant que seul ceux qui maîtrisent bien la langue arabe soient autorisés à réciter le Coran. Cela montre à quel point la prononciation correcte de la langue arabe était importante pour la transmission précise de la parole d’Allah.
Cet extrait insiste sur l'importance cruciale de la prononciation correcte de la langue arabe, en particulier lors de la récitation du Coran. Si la prononciation de "رسولُه" avec la voyelle « ou » (rasoulouhou) est respecté le lecteur aura emprunter le chemin correct et claire de la bonne prononciation, a l’inverse si le mot "رسوله" est prononcé avec une voyelle « i » (rasoulihi) délibérément ça sera considéré comme une forme de mécréance.(mou’jam eloudaba 1 : 10)
Quelle était la grammaire arabe du temps de nos prédécesseurs
"La grammaire, telle que pratiquée par les anciens, ne se limite pas aux règles de la déclinaison, comme cela peut être courant dans notre époque. Au contraire, pour eux, la grammaire englobe l'ensemble des sciences linguistiques, en tant qu'art suprême parmi les arts. Elle est l'origine des fondations des règles de la langue, la grammaire visait à organiser les paroles des Arabes, à travers lesquelles le Coran a été révélé, et à comprendre les significations des discours exprimés à travers les variations des mouvements et la structure des mots." (Al-Ihkam, 2: 693).
Al-Shatibi a dit : "Je n'entends pas seulement par la grammaire seule , ni la conjugaison seule, ni la langue, ni la science des significations, ni d'autres types de sciences liées à la langue, mais ce que je veux dire, c'est l'ensemble de la science du langage, à savoir les mots et leurs significations, à l'exception de l'étrange [c'est-à-dire les mots rares], et de la conjugaison appelée le "fa'il" [forme verbale], et ce qui concerne la poésie telle qu'elle est la poésie, comme les mètres et les rimes, car cela n'est pas nécessaire ici." (Al-Muwafaqat, 5/52).
Il ne se limite pas à la déclinaison qui se trouve uniquement à la fin des mots, car limiter la langue arabe à la science de la grammaire en tant que science qui ne concerne que la correction des terminaisons des mots est considéré comme une dégradation de la grammaire, réduisant sa valeur scientifique. Nous devons revenir à la véritable nature de notre étude de la grammaire et de son enseignement aux étudiants dans les universités, à la réalité que les prédécesseurs ont établie après de longs efforts. Ils ont construit une structure grammaticale ornée de perles de savoir et de ses arts. Est-il permis que nous négligions cette structure imposante et que nous utilisions des langues ou des dialectes éloignés de l'essence de la langue arabe classique ? Est-il acceptable d'étudier la jurisprudence, l'exégèse et les hadiths dans une langue autre que l'arabe ?!!
La différence entre les "Salaf" (les prédécesseurs) et les "Khalaf" (les successeurs) en ce qui concerne l'impact de la langue sur les nations réside dans plusieurs aspects :
Les premiers musulmans, lorsqu'ils entraient dans un nouveau pays, avaient pour habitude de présenter aux habitants les enseignements religieux et les rituels de leur foi, puis ils leur enseignaient la langue de cette religion, c'est-à-dire la langue arabe. Ainsi, ils apprenaient la religion dans la même langue que celle de la religion. Cela a eu pour résultat de donner naissance à des érudits inégalés que nous connaissons aujourd'hui, venant de différents horizons. Parmi eux, on peut citer Al-Bukhari, Muslim, At-Tirmidhi, Abu Dawood, et bien d'autres.
Cette démarche a permis de préserver la pureté de la langue arabe et de garantir une compréhension précise des enseignements religieux. De plus, elle a contribué à la propagation de l'islam et à la formation d'érudits capables de transmettre le savoir dans la langue originale des textes religieux.
"Ensuite, malheureusement, les non-Arabes ont pris le dessus sur les Arabes, privant ces derniers de la distinction de l'imitation [de la langue arabe], affaiblissant l'enseignement de l'arabe et exerçant une influence néfaste sur son usage. Ensuite, le pouvoir a été pris en main par des non-Arabes turcs, qui ont combattu la langue arabe et empêché ses locuteurs d'accéder à leurs trésors. Ils ont ainsi coupé le lien de leurs sujets avec la religion, éloignant les gens de leur patrimoine et de leur culture." (Tafsir Al-Manar, 1367 H, 9:210).
"Quelle étonnement ! de la part de ceux qui ont abandonné leur dignité, reléguant la langue de leur religion derrière eux ! Mais encore plus étonnant sont les prétendus érudits, parmi les contemporains, qui prétendent acquérir des connaissances en interprétation (Tafsir), Hadith, jurisprudence (Fiqh), et les fondements (Usul) sans enracinement préalable dans la langue arabe ! Comment peuvent-ils prétendre à une compréhension correcte et apprécier la saveur du Coran et de la Sunna ?!!"
"Malgré notre précédente explication de l'importance de la langue arabe pour comprendre le Coran et la Sunna, ainsi que pour préserver la dignité de la nation, il est essentiel de réaliser que la langue arabe n'est pas une magie pour comprendre le Coran et la Sunna. Il est tout aussi important de se référer à la compréhension des prédécesseurs (Al-Salaf) de ces textes sacrés et de s'appuyer sur leur méthode pour interpréter les significations de ce qu'Allah a révélé, car leur compréhension est la plus informée, la plus sage et la plus conforme à l'islam."
Il y a d'autres aspects sur lesquels s'appuyer dans l'exegese du Coran en plus de la langue, tels que la Sunna prophétique, les causes de la révélation, les histoires des versets, le contexte coranique, et les indices qui entourent le discours au moment de la révélation, ainsi que d'autres sources qui ne peuvent pas être appréhendées uniquement par la langue. C'est pourquoi il est erroné de négliger ces sources et aspects et de se fier uniquement à la langue, car le sens linguistique peut différer de l'intention du verset.
Al-Qurtubi a dit : "Celui qui ne se conforme pas à l'interprétation apparente (du Coran) et se précipite pour déduire des significations dès qu'il comprend l'arabe commet de nombreuses erreurs. Il se classe parmi ceux qui interprètent le Coran par leur propre opinion, en contournant la transmission et l'écoute (des traditions). Il devrait commencer par suivre l'interprétation apparente pour éviter les erreurs, puis, par la suite, son entendement et ses déductions peuvent s'élargir." (Tafsir Al-Qurtubi, 1/34).
L'éminent savant Ibn al-Qayyim, qu'Allah ait pitié de lui, a dit : "Il est essentiel de comprendre ici une règle incontournable, à savoir que le discours d’Allah, le Très-Haut, ne peut pas être simplement interprété en se basant sur des possibilités grammaticales et linguistiques que la structure du discours permet. Le discours divin a un sens spécifique, et interpréter le Coran de cette manière est une erreur courante parmi de nombreux commentateurs. Réfléchissez à cette règle, gardez-la en tête, car elle vous sera utile pour discerner les faiblesses et les distorsions dans de nombreuses déclarations des exégètes, en coupant court à l'idée que cela représente la signification qu’Allah le Très-Haut a voulu transmettre dans Son discours... C'est l'une des règles fondamentales de l'interprétation, en fait, c'est l'une des plus importantes." (Bada'i al-Fawa'id, 3/27-28).
Posted il y a 1 an